Le syndicat agricole majoritaire, qui n’est pas des plus écolos, a-t-il bien lu les propositions des 150 citoyens ? Qui prévoient notamment le développement de l’agriculture biologique, un choix végétarien quotidien dans la restauration collective, l’interdiction des pesticides, moins d’engrais azotés, etc. ?
L’application en France de la future Politique agricole commune (PAC) mécontente notamment les agriculteurs aveyronnais de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) ou des Jeunes agriculteurs (JA). Et ils le font savoir. Il y a eu la manifestation du 17 février sur le viaduc de Millau où « le courant végétarien » a été notamment pointé du doigt comme une source des problèmes des éleveurs (lire ici). Et hier, la FDSEA appelait sur Facebook à manifester le 25 mars à Clermont-Ferrand.
La fédération écrit notamment : « Viandes et laits ne sont pas payés au niveau de leurs coûts de production et leurs revenus sont dépendants de la PAC. Les aides soutiennent notre modèle d’élevage français, familial, herbager, avec des animaux qui pâturent, autonome, où les fermes produisent l’essentiel de l’alimentation de leurs animaux, garant de l’entretient des prairies et des paysages, garant de la protection de la biodiversité. Ce modèle reconnu comme plus durable, « à protéger spécifiquement », pour la Convention Citoyenne pour le Climat… » (Facebook, 23/03) (1)
Plus que surprenant
Décrire ainsi le « modèle d’élevage français », c’est un peu vite oublier qu’il existe aussi des élevages industriels, des animaux qui ne sortent pas ou peu, du soja importé et cause de la déforestation pour les nourrir, des engrais azotés, des pesticides, la suppression des haies dont le rôle dans la protection de la biodiversité est connu, etc. Mais appeler la Convention citoyenne pour le climat à l’appui de la démonstration, est plus que surprenant pour un syndicat qui n’est pas des plus écolos (lire par exemple ici, ici, ici, ici, ici, ici, et là).
Car que prône la Convention dans ses propositions ? On peut notamment relever : « 50 % des terres en agroécologie en 2040, le développement de l’agriculture biologique », « la réduction de l’utilisation des engrais azotés de synthèse », « la réduction puis l’interdiction de l’usage des pesticides » (p 337), « contribuer à la réduction de la part de la consommation de viande », « réduction du nombre de têtes » de bétail (p 341), « un choix végétarien quotidien dans la restauration collective publique à partir de 2022 y compris dans la restauration collective à menu unique », avec une extension de « ces obligations à l’ensemble de la restauration collective privée » à partir de 2025 (p 320), « faire évoluer l’enseignement des cuisiniers (BEP, CAP, etc.), pour y intégrer la cuisine végétarienne » (p 319).
L’élevage français serait un « modèle reconnu plus durable » par la convention selon la FDSEA ? Sûrement pour une partie. Mais pas pour sa totalité. La convention souhaite en effet que les aides PAC soient « conditionnées par le fait que l’élevage soit à l’herbe (et non pas entièrement hors sol) » (p 341). Et qui rappelle : « Les émissions de gaz à effet de serre issues de l’agriculture représentent 36 % des émissions nationales. Rendre l’agriculture plus durable représente donc un levier essentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre. D’ici 2030, notre système agricole devra être donc basé sur des pratiques agroécologiques, beaucoup moins émettrices de gaz à effet de serre et plus respectueuses de l’environnement. » (p 337)
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(1) Notons au passage que le terme « protéger spécifiquement » n’apparaît nullement dans le rapport de la Convention citoyenne. Et que ce passage du communiqué de la FDSEA 12, fédération départementale de la FNSEA, semble fortement inspiré d’un communiqué daté du 18 mars de la Fédération nationale bovine (FNB), une « association spécialisée » de la FNSEA. Mais dans le texte de la FNB « protéger spécifiquement » n’était pas entre guillemets. Une erreur de recopie sans doute. Tout comme « entretien » qui est devenu « entretient ».